
Le génie de ce tableau, réalisé par un maître inconnu au début du XVIème siècle, réside principalement dans la combinaison de la représentation d’un thème religieux, propre à l’iconographie pieuse du Moyen-Âge, et de son exécution, « novatrice », selon les techniques de la Renaissance. L’interprétation que le peintre nous donne de l’enfer reste traditionnelle, avec plusieurs moyens de torture représentés, une atmosphère bouillonnante et chaude, où besognent des dizaines de démons. Aussi, la présence de Lucifer bien sûr, qui contemple ces délicieuses scènes de supplices du haut de son trône et assoit majestueusement son pouvoir par le geste de son corps.
Tout d’abord, on distingue parmi les condamnés, à l’extrême gauche, trois femmes suspendues par les pieds et leur tête tendant vers les flammes ; en dessous, deux hommes sont forcés à avaler des galettes de métal brulantes, tandis qu’un troisième est gavé, par l’intermédiaire d’un entonnoir, d’une substance brunâtre. Au centre se trouve un immense récipient, dans lequel cinq pénitents bouillent en hurlant à l’agonie, les bras au ciel pour l’une d’entre eux, qui implore que cela cesse, en vain. À droite, en haut du tableau, on remarque un sorte d’orifice, probablement un accès à cet enfer, par laquelle semble arriver en masse plusieurs êtres humains. À côté, un homme est couché sur le ventre, mort ou vivant, un rat sur son dos sur le point de le ronger. Au premier plan, un homme et une femme sont attachés par les bras au dessus d’un corps inerte et cette dernière est poussée et piquée par l’arme d’un des démons. La pâleur de son teint annonce un mal être absolu, et l’expression de son visage nous transmet un mélange de profond épuisement, une grande souffrance et le désespoir de pouvoir un jour en finir.
